logo
#

Dernières actualités avec #Jean-Christophe Jasmin

Le privilège parental
Le privilège parental

La Presse

time7 days ago

  • Business
  • La Presse

Le privilège parental

« Si auparavant, c'est en ayant un enfant qu'on 'fondait une famille', aujourd'hui, l'enfant arrive bien après les fondations, à l'étape de la finition », écrit l'auteur. A-t-on encore les moyens d'avoir des enfants ? Question que semblent se poser bien des gens, à en juger par les résultats d'une enquête sur laquelle s'appuie l'auteur dans sa réflexion. Jean-Christophe Jasmin Directeur pour le Québec, Institut Cardus Est-ce qu'avoir des enfants est en train de devenir un privilège ? Si, dans l'imaginaire populaire, on a longtemps associé les familles nombreuses à la pauvreté, les données récentes suggèrent plutôt le contraire : aujourd'hui, ce sont les riches qui peuvent se permettre d'en avoir. Un phénomène plus marqué au Canada qu'ailleurs. Et non, ce n'est pas parce que les femmes veulent moins d'enfants ! Au contraire. Une étude de l'Institut Cardus1 révèle que près de la moitié des Canadiennes auront moins d'enfants (0,5 en moyenne) qu'elles ne l'auraient souhaité. Ce sont surtout les coûts, réels et perçus, de la parentalité qui freinent leurs projets familiaux. Certes, un enfant de plus peut signifier devoir trouver un logement plus grand, ou passer d'une berline à un VUS pour accommoder les bancs d'auto qui semblent faits pour des cosmonautes ; mais le coût de la parentalité ne se résume pas qu'en termes financiers ! Ma femme et moi souhaitions quatre enfants, mais ce seront les charges de la vie quotidienne, et non les finances, qui nous auront poussés à remettre le projet à plus tard, et à plus tard, pour finalement nous contenter de trois. Je ne le savais pas à l'époque, mais avoir arrêté à trois sera probablement un des plus grands regrets de ma vie. Et je ne suis pas seul, puisque l'étude démontre une corrélation forte entre la satisfaction déclarée par rapport à la vie et l'écart entre le nombre d'enfants souhaités et eus. L'enfant-couronnement Un autre facteur qui influence le nombre d'enfants qu'on aura est l'émergence de la norme sociale de « l'enfant-couronnement » (à ne pas confondre avec l'enfant-roi !). En effet, si auparavant, c'est en ayant un enfant qu'on « fondait une famille », aujourd'hui, l'enfant arrive bien après les fondations, à l'étape de la finition. L'enfant est le « couronnement » du projet de couple. Cette norme sociale signifie que ce n'est qu'une fois que toutes les cases sont cochées – études, carrière, couple, maison, camionnette, etc. – qu'on se donne la permission de considérer avoir des enfants. Pour certains « chanceux », cela peut se faire relativement vite : on trouve la bonne personne rapidement, une carrière qui avance vite, une aubaine de première maison, etc. On connaît tous des amis comme ça. Mais comme avec tous les grands projets, certains imprévus peuvent renverser l'échéancier : une rupture, une perte d'emploi ou des soucis de santé peuvent chambouler les plans. Remettre à plus tard, je le sais bien… signifie parfois remettre à jamais. Prenez deux amies : Josiane et Mélanie. Toutes les deux s'imaginaient avec une grande famille de quatre enfants. La première a eu son premier enfant à la mi-vingtaine, puis un deuxième à peine 20 mois plus tard. Un retrait préventif dû à la nature de son travail et la possibilité de coller deux périodes de congé de maternité de manière consécutive ont été d'une grande aide. Malgré une séparation inattendue, Josiane a retrouvé l'amour vers la mi-trentaine et a eu deux autres enfants, dont le dernier à l'âge de 42 ans, avec l'aide de traitements de fertilité en clinique privée. Mélanie, quant à elle, a poursuivi des études supérieures. À la sortie de l'école, un marché de l'emploi difficile et une envolée des prix des propriétés ont retardé son projet d'avoir des enfants. Pour elle et son mari, il n'était pas concevable d'accueillir un enfant dans leur quatre et demi de Rosemont. Il lui a fallu du temps et beaucoup d'efforts pour mettre de côté la mise de fonds pour acheter leur première maison, à 33 ans. Si la maison était assez grande pour accueillir les quatre enfants qu'elle aurait voulus, il fallait être réaliste : il serait difficile d'arriver si elle partait trop longtemps en congé parental. Si les enfants deviennent un luxe, il ne faudra pas se surprendre que le Québec finisse pauvre. Ainsi, les pistes pour faire face à ce problème peuvent se résumer ainsi : il faut revoir la manière dont on calcule les coûts, financiers et personnels, associés au projet d'avoir un enfant. Il faut réduire les coûts, tant en termes financiers que sur le plan de la perception. De l'autre, il faut aussi mieux savoir apprécier les bénéfices : car si avoir des enfants demeure une décision personnelle, c'en est une qui a des impacts positifs importants, tant sur le plan personnel que public. On élève des enfants, mais ils nous font aussi beaucoup grandir. 1. Consultez l'étude de l'Institut Cardus « La vacance des berceaux » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store